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A travers une succession d’événements qui ont ponctué ma vie, au fil du temps, j’ai appris à faire confiance à mon intuition.

Après une rupture très douloureuse – mais largement moins douloureuse que la relation elle-même – j’ai décidé, peu après mes 20 ans, d’aller vivre le grand rêve non pas américain, mais anglais. Une adolescence entièrement dévouée à l’adoration sans limite (et parfois sans pudeur) des héros de la Brit Prop m’avait conduite à décider d’effectuer un pèlerinage sans objectif clair, et qui débuta en avril 2004.

Ce pèlerinage a eu le mérite de lancer ma carrière professionnelle. Je savais en partant que je n’avais pas l’intention de me presser à rentrer, et malgré un début un peu incertain dans une famille comme fille au pair, j’ai fait mon chemin au pif pendant près de 5 ans ans dans ce pays que je considérai rapidement comme ma maison. Après 3 ans passés dans une petites structure dans laquelle j’avais beaucoup appris – un premier travail, en anglais, avec des collègues bienveillants et intéressants – j’avais pris la tangente pour découvrir un monde nouveau rempli de visualisation de données et autres design patterns, entourée par chance à nouveau de collègues tout aussi intéressants et bienveillants. Je ne n’aurais pas pu rêver meilleur contexte pour mon développement professionnel.

Il n’en était malheureusement pas de même en ce qui concernait mon environnement privé.

Mes choix de vie n’ont jamais été calculés, ni réfléchis. En fait, j’avais développé une aversion totale envers les calculs de toutes sortes – peut-être due à une dyscalculie non diagnostiquée encore à ce jour ? C’est avec les tripes que j’avais décidé de partir en Angleterre pendant presque 5 ans, et avec le coeur que j’avais décidé de rentrer. En effet, une situation professionnelle incertaine suite à un mauvais calcul de l’entreprise pour laquelle je travaillais – n’avais-je pas dit que je me méfiais des calculs ? – doublée d’une situation romantique encore plus compromise, et surtout un mal-être grandissant dans un environnement qui m’empêtrait dans un mode de vie malsain rempli de bière et KFC, me poussa à prendre un billet sans retour un jour de janvier 2009.

De retour au bercail, je cherchai du travail, et c’est encore mon intuition qui me fit répondre à une offre d’emploi – un stage obscure dans une société qui avait au moins le mérite de proposer des offres en adéquation avec mes valeurs – des séjours linguistiques.

Je devins ainsi SEO ; moi qui avait de la peine à expliquer à mon entourage le tumulte rocambolesque que je subissait en permanence en mon for intérieur, j’avais réussi à m’affubler du titre le plus improbable de l’époque – personne dans mon entourage proche out lointain n’en avait jamais entendu parler à ce moment-là.

Encore une fois, je faisais un choix non-conventionnel, dicté par mon intuition qui, ma fois, portait ses fruits : j’avais découvert une nouvelle passion dévorante – un métier qui m’offrait largement de quoi subvenir à mon appétit insatiable pour les défis intellectuels, un doux mélange de communication, marketing et une énorme énigme d’abstraction analytique à résoudre en permanence par des tâtonnements aussi exaltants que frustrants ; je découvrais les trésors cachés d’Internet, la visualisation de données (tiens, on se retrouvais), les questions métaphysiques soulevés par les moteurs de recherche, la sémantique, et toutes sortes de thématiques qui me laissaient pantoise, fébrile. Je n’ai jamais avoué à quiconque d’ailleurs l’implication émotionnelle que j’ai investie dès lors dans ces sujets ; je me demande parfois quelle serait ma vie sans ces découvertes – ou à l’inverse, si j’avais osé être suffisamment effrontée pour entreprendre des études poussées en data science.

Le fait est que je suis désormais à mi-chemin entre le rien et le tout décrit ci-dessus – ce qui en revient à dire que je suis à peu près n’importe où ; mais je suis bel et bien sur mon chemin propre, un chemin que j’ai suivi en me laissant guider par mes tripes, et je sens désormais que le moment est venu de découvrir la prochaine étape, celle qui accrédite ce chemin parcouru en assumant enfin qui je suis professionnellement. A travers cette thérapie par l’écrit, je pense m’approcher de l’écriteau qui m’indiquera la direction du prochain tronçon. On se suit ?