Quand j’étais adolescente, j’avais pour souhait profond de vivre dans ma propre-tête. Uniquement. A ce moment-là, je considérais que mon corps était traitre, car il m’avait fait subir des semaines d’hôpital et de convalescence quand j’étais enfant, et j’avais l’impression qu’il ne me laisserait jamais faire quelque chose de positif.
Je faisais bien de la natation durant une longue période de mon enfance, mais étant forcée à participer à des meetings de natations très régulièrement par le club dans lequel je m’entrainais – et par-là même, je subissais autant régulièrement l’humiliation de terminer (avant-)dernière du classement – je me considérais radicalement anti-sport, et développai une répulsion totale pour l’activité physique.
Puis il y eu une période de rien, alors que je lançais ma carrière professionnelle en Angleterre, où ma fois je n’entretenais plus ni corps, ni esprit.
Puis je rencontrai l’amour de ma vie, et nous eûmes 2 enfants.
Le sport fut ma première révélation : 1 année après la naissance de mon aîné – et avec beaucoup d’encouragements de mon chouchou – j’entrepris de perdre du poids à travers une sérieuse remise en question de mon alimentation et la course à pieds. Je perdis 18 KG – imaginez le changement, je fais 1.50m – et découvris que mon corps 1) pouvais tout compte fait être mon allié et 2) que je pouvais le réintégrer.
Le chemin fut long, mais reprendre ma main sur mon moi physique me permis de me découvrir de nouvelles compétences: cuisiner, faire des petites choses en couture, dessiner… J’ai aussi rejoué de la guitare et du piano, recommencé à lire petit à petit mais très, très sporadiquement ; pendant des années je n’ai pas lu qu’un livre. Cependant, étrangement, ces retrouvailles avec mon intégrité déclenchèrent à leur tour un processus intellectuel intéressant ; je me suis plongeai dans la lecture de livres de development personnel sur la médecine chinoise, les huile essentielles, la réflexologie – en plein année de pandémie, je découvris que 1) je n’avais plus besoin de soutien psychologique, 2) mes angoisses face aux maladies avaient (presque) totalement disparu et 3) je parvenais à apaiser ma colère.
Puis le déclic eu lieu – celui que je décris dans Transformation. Depuis, j’ai la frustrante sensation que je ne pourrai jamais lire tous les livres qui m’intéressent. Mais le plus étrange dans cette transition, c’est le sentiment d’avoir bouclé une boucle : bien que je conserve une activité physique quotidienne, je suis désormais retournée dans ma tête.